Pajenn:Le Gonidec - Bibl Santel pe Levr ar Skritur Sakr, levr Iañ.djvu/22

Adlennet eo bet ar bajenn-mañ
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INTRODUCTION

prétexte qu’il avait abandonné son poste : le véritable grief était de s’être endetté pour venir au secours de son père, qui mourut, la même année, au Conquet ; et, comme il voulait faire connaître la cause honorable de sa position, on lui répondit que ce n’était pas pour faire des dettes qu’il avait été envoyé à Hambourg ; que c’était pour s’enrichir à l’étranger, comme tant d’autres.

La fortune sembla un instant lui sourire. II avait importé de l’Allemagne une nouvelle lampe qui, perfectionnée par ses soins, eut une grande vogue. Mais, soit trop de confiance dans un maître-ouvrier qui le trompa, soit défaut d’argent, ce fut, comme on l’a vu trop souvent, un autre qui profita de la découverte.

Il rentra bientôt dans le service de la marine forestière, mais seulement comme sous-chef, après avoir occupé un poste supérieur dans les villes anséatiques. Il se vit même réduit aux humbles fonctions de secrétaire de direction. On le fit souvent changer de résidence ; en moins de sept années, il fut successivement envoyé à Versailles, à Nancy, à Vesoul, à Paris, à Nantes, à Moulins, à Angoulême. Obligé de semer partout le fruit de ses économies, il s’imposait de grandes privations pour élever sa famille [1].

L’étude et le travail le soutenaient, consolateurs quotidiens des misères de la vie et des traverses du savant. En 1821, il fit imprimer, à Angoulême, son Dictionnaire celto-breton, ouvrage qui, avec sa Grammaire celto-bretonne, suffirait pour recommander son nom à la postérité.

Parmi les mémoires qu’il a lus à l’Académie Celtique et qui ont été recueillis dans la savante collection de cette Société, on remarque une curieuse Notice sur les cérémonies des mariages dans la partie de la Bretagne connue sous le nom de Bas-Léon, une Notice sur le temple de Lanlef [2], et plusieurs mémoires où l’on reconnaît toujours le savant

  1. Mme Le Gonidec, sa femme, aujourd’hui sa veuve (décédée à Auteuil (banlieue de Paris), le 21 Janvier 1854.), et ses deux fils, MM. l’abbé Le Gonidec, membre du clergé de la paroisse Saint-Roch (décédé Curé d’Auteuil (banlieue de Paris), le 14 Février 1858.), et Robert Le Gonidec.
  2. Lanlef signifie, en breton, lieu consacré aux pleurs ou aux gémissements. Ce temple est exactement décrit par M. Le Gonidec. Après avoir émis l’opinion qu’il aurait d’abord été consacré au culte du Soleil, il rapporte la tradition, encore existante, qu’un trésor est caché dans ses antiques murs, et qu’il y eut, vers le milieu du siècle dernier, une émeute parmi les habitants du canton, contre quelques personnes inconnues qui visitaient le monument, et qu’on prit pour des Anglais venus dans le dessein d’enlever le trésor.