Bez ez euz eur potr koz, dizell ha didruez,
A c’hoapa bloaveziou hag a gosa bemdez ;
Hag he vicher a ra ker mibin ha biskoaz,
Rag iaouank eo bepred en desped d’he oad braz !
Netra ne oar espern, netra ne esperno,
Dre bevar c’hourn ar bed e kaver he hano ;
War oberiou ann den e weleur he arouez,
Hag el leac’h ma tremenn e oar hada truez !
Hen ra d’ar mor souza ha d’ar c’hoajou sevel,
Diskar a ra keariou, ober a ra brezel ;
Netra ne lez e peoc’h, atao o firboucha,
E tizolo dre-holl kalz a draou d’ho flastra !
Hen eo a bleg hor choug, a ra d’hor penn gwenna,
Hen a ra d’eomp eur vaz, p’en deuz gread d’eomp kamma ;
Ha pa vezimp maro, petra raio neuze ?
Dizec’ha hon eskern ha dismantra hor be !
Ho ! amzer, te zo kriz, da lezen zo kalet,
Kaer a zo da bedi, da skouarn zo zerret ;
Da falc’h a zo troc’h-troc’h, ha n’ez teuz tamm evor
Euz ar re oe gwechall lodenneg enn enor.
Pabed hag eskibien, beleien, bourc’hizien,
A gousk, d’ho zro, didrouz, dindan da vantel ien ;
Hag ar re a c’hoanta ho c’has d’ann nezanted
A zeu ivez ho zro a vez ankounac’hed !
Pa’z teuz ezom sikour e kavez drasterien
Da derri gand ann orz kroasiou ar gristenien ;
Hag ann dispac’herien a guz, gant pri ha ra,
Ann traou kaer all torret gant plijadur ha joa !
Pep tra a ra he reuz, gouvez mad kement-se,
Da guziou niveruz n’int ket great gand Doue ;
Hirio ann drasterien, ma vijent war ar bed,
O weled ho labour a raje dend skrigned !
I.-M. Ar Iann.
Le Temps.
Il est un vieillard, impartial et insensible, qui se moque des années et vieillit chaque jour ; il accomplit sa tâche aussi activement que jamais, car, malgré son grand âge, il est toujours jeune.
Il n’épargne et n’épargnera rien ; son nom est dans les quatre coins du monde ; sur les œuvres des hommes on remarque son empreinte, et dans les lieux où il passe il fait naître la pitié !
C’est lui qui fait reculer la mer, qui fait pousser les forêts ; il détruit les villes et engendre la guerre ; il ne laisse rien en paix, toujours furetant, il découvre partout une foule de choses pour les détériorer.
C’est lui qui nous fait courber le dos, qui fait blanchir notre tête ; c’est lui qui nous donne un bâton quand il nous a rendu boiteux, et lorsque nous serons morts, que fera-t-il ensuite ? Dessécher nos os et détruire nos tombes.
O temps ! que tu es cruel, que ton joug est pesant ; on a beau t’invoquer, tu demeures toujours sourd ; ta faux coupe sans relâche et tu jettes dans l’oubli ceux qui vécurent autrefois dans les honneurs.
Papes, évêques, prêtres et bourgeois, dorment tour-à-tour silencieux, sous leur froid manteau ; et ceux (les antiquaires) qui tentent de les transmettre à la postérité, meurent aussi et sont oubliés !
Quand tu as besoin d’aide, tu trouves des vandales qui brisent à coup de masse les beaux calvaires des chrétiens ; et les révolutionnaires font disparaître sous l’argile et la chaux les autres belles choses broyées avec plaisir et joie !
Tout passe, sache-le bien, et tes nombreuses cachettes ne sont pas introuvables ; aujourd’hui les vandales, s’il y en avait encore au monde, grinceraient des dents à la vue de leur ouvrage.
J.-M. Le Jean.