Pajenn:Bourgault-Ducoudray - Trente mélodies populaires de Basse-Bretagne, 1931.djvu/27

Adlennet eo bet ar bajenn-mañ
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I

Filles de la paroisse et vous aussi, garçons,
Tremblez en écoutant la terrible chanson
Au sujet d’une fille
De très bonne famille
Qui, sans le baptiser,
Tua son nouveau-né.

II

Pour rapporter la bêche, elle rentre au logis.
En voyant sa pâleur, son père est tout surpris,
Mais quelle fut sa rage,
Le jour où dans l’herbage,
Il trouva sa jument
Qui déterrait l’enfant.

III

Le père prend sa hache et veut la mettre à mort ;
Mais la fille s’enfuit en emportant le corps.
Au juge, elle déclare
Sa conduite barbare,
Et, montrant son enfant,
Demande un châtiment.

IV

« D’abord je restai sage et vécus saintement,
Mais je fus débauchée à l’âge de seize ans.
Filles bien renommées
N’allez à l’assemblée
Qu’avec vos bons parents
Ou des honnêtes gens ! »

V

Les aides du bourreau déjà sont arrivés ;
Les charges de fagots font frémir les pavés.
« C’est en vain que je pleure.
Dans une demi-heure,
La coupable Manon
Sera cendre et charbon ! »


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L’emploi du si naturel dans les deux premières phrases de cette mélodie fait penser tout d’abord qu’elle est construite dans le 1er mode du plain-chant avec si naturel. Mais l’apparition du si bémol dans les phrases suivantes établit clairement la modalité hypodorienne. Le caractère expressif inhérent à ce mode communique à la mélodie un remarquable cachet de grandeur.

Toutes les phrases qui la composent sont carrées, sauf la dernière qui renferme cinq mesures.