J’ai sous les yeux un chant breton composé en l’honneur
de saint Mathurin, et imprimé à Vannes il y a quelques
années. Ce cantique est tout simplement l’exposé de la vie
du saint en une suite de couplets rimés, où l'on chercherait
en vain 1a moindre trace de poésie. Toutefois l’intention de
l’écrivain breton était bonne, et c’est ce qui excuse la pauvreté
de son travail : il a voulu faire connaîttre de plus en
plus la vie et les vertus d’un saint si vénéré et si populaire
en Bretagne, et en même temps composer un cantique
pour le pélerinage de saint Mathurin en Quistinic.
A mon avis, il eût plus facilemrnt obtenu ce résultat, et son travail eût été bien meilleur, s’il s’était contenté de compléter par quelques couplets la légende qui existait déjà en l’honneur du saint, et qu’il connaissait, puisqu’il en cite des vers entiers. Mais il a voulu lui-même exposer toute la vie du saint, le suivre pas à pas depuis sa naissance jusqu’à sa mort, et y ajouter même de temps en temps de pieuses réflexions. Il a fait ainsi un travail obscur, d’une longueur démesurée, et totalement dépourvu d’enchaînement, d’ordre et d’unité :
Telle n’est pas l’ancienne légende, la seule qui se chante à la campagne, soit dans les veillées d’hiver, soit au milieu des travaux champêtres. Cette légende, d’une admirable simplicité, ne manque pas de poésie et offre dans toute son étendue un enchaînement et un ordre parfaits.
Le légendaire a eu pour but de faire connaître la vie merveilleuse de saint Mathurin et de célébrer sa gloire et sa puissance manifestées par le don des miracles. Dans l’impossibilité où il était de parler de tous les prodiges