Pajenn:Cadic J.-M. - En Est - 4 En dornereah - RBV,1890.djvu/13

Ar bajenn-mañ n’he deus ket ezhomm da vezañ adlennet.
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LA MOISSON

vous n’auriez plus qu’à les engraisser et à les conduire au boucher. Votre cheval n’aura plus sa bonne mine; il ne lèvera plus la tète, ne cherchera plus à hennir ni à courir dans la plaine.

Laissez donc au repos toutes vos machines, et battez, comme autrefois, vos blés avec des fléaux.

La paille, sous le fléau, ne se hache pas sur l’aire à battre, et cette paille sera excellente pour couvrir vos maisons. Le grain sort mieux des épis, el il est plus facile de le séparer de la balle. Vous ne verrez pas alors, autour de la maison, les tas de pailles verdir, en été, par le grain qui a germé.


VI


Cependant, bien que tout le blé soit battu, nul fermier ne songe encore à se reposer. Si le beau temps persiste, il faut alors, pour sécher le grain, l’étendre tous les jours sur l’aire à battre, au moins pendant une semaine, le remuer de temps en temps, afin qu’il puisse très bien sécher sous la chaleur du soleil.

Le grain doit être vanné aussitôt qu’il est sec.

Aussi la grande toile est déployée et étendue sur l’aire à battre ; on met en mouvement le moulin-vanneur pour faire du vent et nettoyer le grain. Le vent chasse la balle et la poussière ; le bon grain seul tombe sur la toile.

Aussitôt de vigoureux jeunes gens le chargent dans des sacs qu’ils portent au grenier.

Quelle joie pour le fermier quand il voit tout son grain bien en­serré dans son grenier !

Il a pour toute l’année, et du pain à manger et d’excellent grain pour vendre au marché.

Il pourra encore lous les jours, sans craindre la famine, vivre content et heureux, au milieu de sa famille.


Michel le Dornèr.