Pajenn:Cadic J.-M. - En Est - 4 En dornereah - RBV,1890.djvu/9

Ar bajenn-mañ n’he deus ket ezhomm da vezañ adlennet.
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LA MOISSON


Car, pour battre convenablement et pouvoir tenir toute la journée, il faut huit batteurs pom former une compagnie.

II n’y a rien d’aussi étonnant et d’aussi curieux qu’une réunion de journaliers sur la place publique.

Ils sont venus là de tous côtés, de chaque village, et, et en attendant qu’on vienne les gager, ils causent ensemble, fixent entre eux le prix de la journée et jurent qu’ils n’iront point si on ne veut pas le lem donner.

Mais voilà les maîtres qui viennent ; aussitôt le bruit de la place publique s’apaise. Chacun s’approche, chacun écoute avidement pour savoir quelle tournure vont prendre les choses.

Tout à coup un des maîtres, d’une voix élevée, proclame trois fois le prix de la journée.

Les uns ne sont pas contents, et déclarent formellement que personne nïra si le prix n’est augmenté.

Ils font du tapage et du bruit comme les flots de la mer,quand ils viennent en fureur battre les rivages.

D’autres cependant acceptent le prix qui est donné, et suivent le!j mattres qui les ont gagés.

A leur arrivée dans la ferme, et avant de commencer le travail, tous ils vont se mettre à table, et tous ils font honneur à la bouillie d’avoine, qui avait été bien passée la veille au soir, et qui est toute fumante, dans un bassin, à les attendre.

Rien ne plait aux gens de la campagne comme une bouillie mangée avec du lait, avant de commencer le travail de la journée .


III


Après ce premier repas, on quitte la maison, et, avant tout, chaque batteur gagne au plus vite l’aire à battre. Armés de balais, tous s’empressent de la nettoyer dans tous les sens. Sans ce pre­mier travail, les fétus, la poussière et la terre mélangés gâteraient le grain qui serait ensuite lres difficile à sécher et à vanner.