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FIANCÉ ET MARIÉ


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Il serait difficile de trouver une chanson plus gracieuse et renfermant plus de poésie que la chanson du fiancé et du marié. Elle se chante sur un air d’une simplicité non moins parfaite qu’exquise et en même temps d’une délicieuse beauté.

On voit tout de suite la pensée du poète.

Il a voulu peindre les sentiments de l’homme dans deux états de vie bien différents : avant et après le mariage.

Avant le mariage c’est le fiancé dont le cœur et l’esprit sont remplis de joie et d’espérance.

Il est impatient de fixer son sort et d’arriver au terme de ses vœux, car ce terme est pour lui l’aurore du bonheur. De là toutes ces courses de jour et de nuit, entreprises souvent au prix de grandes fatigues et au dépens même du repos nécessaire après le travail de la journée. De là aussi cette susceptibilité et cette facilité de découragement en présence de l’apparence même du moindre obstacle.

La rencontre du rossignol, chantant dans le bois, ne contribue pas peu à exalter ses sentiments et ses rêves de bonheur. Le rossignol ne chante que dans les nuits calmes et sereines, et ses modulations, aussi douces que variées, en bannissant du cœur la tristesse et les regrets, y répandent une douce joie et présagent une félicité sans mélange.

Dans la seconde partie du chant le poète cherche à faire la peinture des sentiments de l’homme marié.

Celui-ci, en face de la réalité et des exigences de son état, n’a pas trouvé la réalisation de ses folles espérances d’autrefois : il a vu tomber toutes ses illusions ; aussi regrette-t-il profondément le temps de sa jeunesse.

Un jour, de très bonne heure, en faisant une promenade dans son jardin, il rencontre aussi un oiseau qui chante gaiement sur une branche.

Mais cet oiseau n’est plus un rossignol au chant doux et mélodieux : c’est un oiseau de couleur rousse, qui, aux yeux des gens superstitieux, est une couleur de mauvais augure et de funeste présage.

L’oiseau, lui, chante gaiement ; mais cette gaieté n'empêche pas son