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Adlennet eo bet ar bajenn-mañ
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L’HIVER


III


Aveit er haih meitour pebéh ur galonad
Guélet en é sulér er foen è vihannat,
Er gouian hemb arsaw è pouizein ar er vro,
E parat toh en han a zonnet bean en dro !
Mar dalh er fal amzér, d’è seud è vunsellat,
N’hellou mui rein touchand na foen na piliguad.
— Memb er hounizion hag en artizanted
Né huélant quet hemb poén ur gouian ker kalet.
Pe n’hellant labourat n’ou dès ehué nitra :
Nag argand én ou yalh aveit prenein bara,
Na quik én ou charnél aveit drûat ou fred,
Nag ur huérénad christr eit torein ou séhed.
Liés, o tra chiffus, p’en dé hir er gouian,
E kleuér é krial bugaligeu vihan,
E houlen guet ou zad pé guet ou mam tinér,
Aveit torrein ou nan, un tam bara distér.


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III

Quelle peine pour le pauvre fermier de voir le foin diminuer dans son grenier, de voir l'hiver continuer à sévir dans le pays et à empêcher l’été de revenir vite !

Si le mauvais temps continue, à ses vaches qui ne cessent de beugler, il ne pourra plus bientôt donner ni foin ni bonne nourriture.

Même les journaliers et les ouvriers ne voient pas sans peine un hiver aussi rigoureux.

Quand ils ne peuvent travailler, ils n’ont rien : ni argent dans leur bourse pour acheter du pain, ni viande dans leur charnier pour améliorer leur repas, ni un verre de cidre pour étancher leur soif.

Souvent, ô douleur, quand l’hiver est long, on entend crier de pauvres petits enfants qui demandent à leur père ou à leur tendre mère un petit morceau de pain pour assouvir leur faim.