5. La veille, ils s’en revenaient, dit-on, ensemble du pardon de Bieuzy.
Pierre Guéganic, avec hardiesse, déclara ses sentiments à Mauricette :
6. — « Mauricette, je vous en prie dites-moi ; m'aimez-vous oui ou non ?
— « Pierre Guéganic, oui sûr je vous aime, je vous le dis du rond du cœur.
7. La petite Mauricette parlait contre sa pensée, la première fois de sa vie : elle avait peur du tailleur, et redoutait le danger :
8. — « Ma petite Mauricette, si vous m’aimez vous consentirez à devenir mon épouse : demain matin, en me levant, j’irai vous demander à votre père.
9. — « Bonjour à vous, vieillard, je suis venu vous demander votre fille.
— « Vous n’aurez pas ma fille Mauricette, ni vous ni aucun tailleur du monde.
10. — « Mais j’ai changé de métier : je suis devenu marchand ambulant.
— Quel que soit le métier que vous ayez pris, vous n’aurez pas ma fille Mauricette.
11. — « Mauricette, dites-moi : où mènerez-vous vos bêtes aujourd’hui.
- « Je ne veux pas vous mentir : je les mènerai au champ à neuf sillons. »
12. Voyant que ses bêtes ne voulaient pas paître dans le champ à neuf sillons, Mauricette les mena au Pradigo.