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LA COMPLAINTE DE MAURICETTE

nombreuses variantes que lvon rencontre dans plusieurs parties du diocèse de Vannes, mais surtout dans le pays de Quimper.

C’est une de ces dernières variantes que M. de la Villemarqué a trouvée et publiée dans son Barzas-Breiz, sous le titre de Yannik Skolan.

Cette veraion, qui a l’air d’être un tout petit fragment de la première complainte, relate la mort tragique de la jeune bergère pendant qu’elle gardait son troupeau ; mais les circonstances qui précèdent et suivent le crime sont complètement modifiées. Bien plus le nom du meurtrier n’est pas le même.

A Melrand comme dans le reste du pays de Vannes, tout le monde sait que Mauricette a été assassinée par un tailleur de son village, qui s’appelait Pierre Guéganic. L’auteur de la version du Barzas Breiz en fait un tisserand, et s’appelle Yannik Skolan. Il va même jusqu’a établir des liens de parenté entre le meurtrier et la victime, puisque dans la seconde partie du chant, il nous montre la mère de Yannik Skolan lui reprocher d’avoir tué sa nièce Mauricette. A Melrand, cette parenté est aussi inconnue que le nom de Yannik Skolan.

Les différentes variantes de la complainte de Mauricette que l’on rencontre dane le diocèse de Vannes s’accordent toutes sur le fond de l’histoire, sur les noms des personnages et sur les principales circonstances de la mort de Mauricette. Dans les unes on voit qu’il manque des couplets : c'est un effet de l’oubli et de l’infidélité des mémoires. Dans d'autres, on trouve de suite deux couplets qui expriment absolument les mêmes idées. Evidemment là il y a eu interpolation.

La complainte a été remaniée en 1801, au sortir de la tourmente révolutionnaire, par un nommé Bellec, de Melrand. Mais ce travail est détestable et n’a eu aucun succès.

La complainte primitive seule est restée populaire. Malgré les quelques différences que présentent les variantes de cette complainte, en les examinant attentivement, on reconnaît qu’elles viennent toutes d’une même souche, qu’elles se complètent les unes par les autres et qu’il est facile de les fondre en un même texte.

C’est ce travail de reconstitution que je viens de faire. Je le livre à la Revue Morbihannaise, sans me flatter toutefois de donner le texte primitif de la complainte.

Ce travail a été entrepris à l’occasion de la restauration de la croix de Mauricette.

Deux croix furent élevées, à la mort de la jeune fille, par les habitants de Melrand, pour attester sa fidélité, comme il est dit dans la