Pajenn:Cadic J.-M. - Moez er botour koed - RBV,1899 (T2).djvu/6

Ar bajenn-mañ n’he deus ket ezhomm da vezañ adlennet.


CHANSONS POPULAIRES BRETONNES


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L’ÉPOUSE DU SABOTIER


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Qui n’a vu dans nos campagnes bretonnes, à la lisière d'un bois, ou sur le bord d’une route, de ces cabanes de forme ronde, construites avec des branches d'arbres ou de genêts soigneusement entrelacées et attachées par de solides liens ?

Ce sont des cabanes de sabotiers et chacune d’elle sert d'habitation à toute une famille.

Une grande et une petite ouverture, pratiquées dans la paroi latérale, servent, l’une de porte d’entrée, l’autre de fenêtre pour éclairer l’intérieur de la cabane. Une troisième ouverture pratiquée au sommet du toit remplit l’office de cheminée pour laisser passer la fumée. C'est en effet au milieu de l’habitation que se trouve le foyer, si l’on peut appeler ainsi trois on quatre grosses pierres disposées circulairement, et entre lesquelles on fait du feu, soit pour cuire les aliments, soit pour sécher les sabots.

Dans l’intérieur de la cabane, il ne faut pas s’attendre à trouver un ameublement luxueux. Une petite table ou buffet pour prendre les repas, une vieille armoire pour renfermer le linge et les effets de la famille, quelques escabeaux pour s’asseoir autour du foyer, et c’est tout. Les lits consistent en de simples pièces de bois non travaillées, disposées par terre et solidement attachées les unes aux autres.

Qu’on ne s’étonne pas de cette simplicité, de cette pauvreté de l’ameublement des demeures des sabotiers. Ces familles sont forcément nomades par profession. Elles se fixent dans les localités où elles trouvent à exploiter du bois propre à la fabrication des sabots. L’exploitation terminée, les meubles sont chargés sur une charrette, la demeure est abandonnée, et la famille va ailleurs établir ses pénates.