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MOÉZ ER BOTOUR KOED


Cette profession de sabotier est assez lucrative et rapporte de beaux bénéfices à ceux qui l’exercent avec goùt et avec intelligence. Dans la famille tout le monde travaille, les femmes comme les hommes. Les hommes sont chargés d'abattre les arbres, hêtres ou bouleaux, de les scier et de les tailler. Les femmes doivent creuser les sabots, les sécher à la flamme du foyer et les teindre.

Le commerce des sabots est très étendu en Bretagne. Cest la chaussure commune des campagnards, en été comme en hiver. Elle convient mieux que les souliers pour les travaux des champs. Les cidatins eux-mêmes ne la dédaignent pas, surtout en hiver, et plusieurs d’entre eux ne voudraient pas s’en passer. C’est que cette chaussure a l’avantage de garantir les pieds du froid et de l’humidité.

Les sabotiers sont en général gens d’esprit, d’humeur gaie, grands parleurs et mènent joyeuse vie. Aussi les jeunes gens ne trouvent pas de difficultés à s’établir. Ils peuvent choisir parmi les jeunes filles des pays où ils se trouvent.

Souvent même ils attirent l’attention des riches héritières et réussissent à obtenir leur main. C’est ce que nous voyons dans la chanson de l’Épouse du sabotier.

Riche et de bonne famille, elle pouvait épouser un jeune homme riche qui demeurait à quelque pas de chez elle, et qui la recherchait ; elle donna la préférence à un sabotier.

Au cours de la chanson, elle nous montre le contraste qui existe entre sa situation nouvelle et celle qu’elle avait chez son père, mais elle ne semble pas se plaindre de son sort.

Du reste, si la femme du sabotier est obligée de travailler, elle n’est pas malheureuse pour cela. L’industrie et le commerce des sabots procurent de l’argent à la famille et pour peu qu’on veuille économiser, l’aisance régnera dans le ménage.

La nourriture y est également saine et abondante. Les deux marmites employées pour les repas de la famille indiquent assez non seulement un bon pot- u feu, mais aussi un bon ragoût, ou au moins un bon morceau de lard aux choux.

La chanson, telle que nous la publions ici, se chante beaucoup dans le Morbihan, mais surtout aux environs de Baud et de Pontivy.

Yan Kerklen.