une grande aisance pour construire cette principale ; et, s’il est vrai que leur syntaxe ne leur offre pas cette même aisance dans la construction des autres propositions, il est également vrai que les tournures ne leur manquent pas, et qu’ils achèvent facilement leurs phrases sans jamais violer les règles tracées par l’usage et formulées dans leurs grammaires.
Pour ce qui regarde ces autres propositions, elles sont toujours liées à la principale par une conjonction ou par un relatif, dont l’emploi n’est ni plus difficile ni moins étendu dans le breton que dans les autres idiomes. Les autres particules, qui jouent un grand rôle dans toutes les langues, comme la proposition, l’interjection, etc., sont en nombre plus que suffisant en breton, et leur emploi n’offre rien d’insurmontable. On ne peut donc pas accuser la langue bretonne d’être pauvre en tournures.
Les termes n’y manquent pas non plus. Quels sont ceux qu’elle emprunte aux autres langues ? Les mots scientifiques, et ceux dont on se sert pour désigner les nouvelles découvertes et les productions de l’étranger. Mais où est la langue vivante qui n’adopte pas ces mots à mesure qu’elle les rencontre ? et quelle est la manière dont on les modifie partout ? On en change la terminaison pour se les approprier, et ce changement se fait chez les Bretons d’une façon aussi irréprochable que chez les autres peuples. L’adoption de ces mots n’accuse donc pas le breton d’être plus pauvre en termes que les autres langues vivantes ; et il suffit de le connaître pour être convaincu qu’on peut le parler aussi bien et aussi facilement que tout autre idiome.
Il offre aussi, à ceux qui l’ont étudié avec succès, un avantage que l’on ne trouve pas communément dans l’étude des autres langues. L’usage lui a conservé tout ce qui le caractérise ; et, quand on l’a une fois bien appris, on peut se faire bien comprendre de tout son auditoire sans jamais tomber
4