dans la nomenclature des choses invisibles, la nature de l’âme, les sentiments dont elle est agitée et les opérations qu’elle produit. Ces mots, dit M. de La Villemarqué, sont communs à la race entière [1].
Après ces considérations générales que nous n’avons fait qu’esquisser à grands traits, M. de La Villemarqué arrive à ce qu’il appelle la seconde époque ou époque brillante de la langue bretonne, parce que ce furent les siècles du barde Gweznou (vers l’an 500), du barde Taliesin (550), du barde Merlin ou Merzin (530 à 600), du barde Aneurin (510 à 560), du barde S. Sulio (660 à 720), de Ghéraint, dit le barde-bleu (800). Cette deuxième époque comprend du ve au xiie siècle.
Les monuments de cette langue, parvenus jusqu’à nous, sont, entr’autres, les poésies des bardes dont nous venons de citer les noms, une grammaire de Ghéraint, un vocabulaire (882), et des dictons poétiques du xe et xie siècles. Ils prouvent que les Bretons, déjà à cette époque, avaient une littérature à eux.
Le défaut de textes antérieurs à l’ère chrétienne n’a pas permis de constater les caractères de l’ancienne ortographe celtique ; toutefois, César nous apprend que les Bretons faisaient usage des lettres grecques. L’invasion romaine amena les caractères latins.
Du ve au xiie siècle, l’ortographe bretonne ne parait guère avoir varié, si ce n’est dans la manière de rendre les sons des dentales et de la gutturale. II n’en a pas été de même de son vocabulaire : il a acquis, durant cette période, beaucoup de termes nouveaux, nés de la religion et de la civilisation. De là tant de mots empruntés au latin.
- ↑ Voir à ce sujet les tableaux si curieux qu’en donne M. de La Villemarqué dans le travail cité plus haut.