Après lui, Julien Maunoir, son disciple, continua son oeuvre, et ses succès furent pareils. Il composa des poésies où il résumait les vérités de la religion et coopéra à la création de deux colléges où le breton était la langue usuelle des écoliers. II composa aussi plusieurs ouvrages et entr’autres une grammaire et un dictionnaire.
Vinrent ensuite le P. Marzin, le P. Delrio, le P. de Lannion et le P. Grégoire de Rostrenen, de l’ordre des Frères-Prêcheurs, lesquels publièrent plusieurs travaux dans le but d’aider les jeunes religieux à prêcher en breton. Le dernier publia, en 1732, son dictionnaire français-celtique, et, un peu plus tard, sa grammaire.
En 1752, Dom Le Pelletier, religieux bénédictin, vint à son tour prêter l’appui de ses lumières à la renaissance bretonne. Il publia un dictionnaire breton-français, afin de conserver les expressions propres de la langue bretonne. On lui doit d’avoir introduit un peu d’ordre et de méthode dans l’étude de cette langue.
C’est dans cette quatrième époque, et dans le xvie siècle, qu’il faut rapporter un changement notable dans l’ortographe : l’adoucissement du langage par la suppression ou la permutation de certaines consonnes, soit au commencement, soit au milieu, soit à la fin des mots. Ce fut le P. Maunoir qui lui porta les derniers coups. Comme depuis longtemps déjà on prononçait autrement qu’on n’écrivait, et qu’on laissait au lecteur le soin de faire les permutations de lettres, il trouva à propos d’harmoniser la langue écrite avec la langue parlée. Cette manière de faire, dit M. de La Villemarqué, ne doit pas surprendre de la part d’un écrivain né dans la partie française de la Bretagne, et dont le français était la langue naturelle. De ce moment, on écrivit sans principes fixes et sans méthode.