Mais revenons sur nos pas, et parlons de l’auteur de la traduction bretonne de la Bible [1].
Jean-François-Marie-Maurice-Agathe LE GONIDEC naquit, le 4 septembre 1775, au Conquet, petite ville maritime, dans le Finistère, patrie de La Tour-d’Auvergne, premier grenadier de l’armée française, auteur des Origines gauloises, et du savant celtique Le Brigant. II fut leur contemporain ; et, comme eux, il consacra sa vie à l’étude des monuments et de la langue de ce peuple qui a passé sur la terre en y fondant de grandes nations, mais sans laisser aucune trace écrite des premiers temps de son histoire ; car le souvenir des Celtes n’est resté que sur des pierres gigantesques et muettes, c’est-à-dire sans figures et sans inscriptions.
M. Le Gonidec appartenait à une des plus anciennes familles de la presqu’île armoricaine qu’habitèrent les Celtes.
Lorsque Louis XIV ordonna la révision de tous les titres de noblesse dans son royaume, des conseillers d’État, des intendants, d’autres grands fonctionnaires furent délégués dans les provinces pour procéder sévèrement à cette révision, rendue nécessaire par l’intrusion d’un grand nombre de faux comtes, marquis et chevaliers dans les rangs de la noblesse, qui était alors un ordre dans l’État.
Quatre années (1668 à 1672) furent employées, en Bretagne, à cette épuration. La famille Le Gonidec était alors très-nombreuse et répandue à Saint-Brieuc, à Carhaix, à Rennes. Dix-sept chevaliers de cette famille furent vérifiés et portés, à la suite de cinq rapports, au Catalogue des noms et armoiries de la Noblesse de Bretagne, dont l’auteur de cette notice possède un manuscrit du temps, in-folio de 434 pages. On y voit que les armoiries de la famille Le Gonidec étaient d’argent à trois bandes d’azur ; que les dix-sept membres de cette famille, vivants à cette époque, étaient qualifiés : les uns, sieurs de Kergaret ; les autres, sieurs de Kervision ; ceux-ci, de Kerdaniel ; ceux-là, de Coutandi, ou de Kerallio, ou de Guerveder, ou de Penaulun, ou de
- ↑ La notice suivante nous a été adressée par la famille Le Gonidec. Elle porte la signature de M. Villenave, membre de la 2e classe de l’Institut Historique, dont Le Gonidec était président.