Pajenn:Le Gonidec - Bibl Santel pe Levr ar Skritur Sakr, levr Iañ.djvu/19

Adlennet eo bet ar bajenn-mañ
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INTRODUCTION

du soleil, le château fut cerné par deux cents hommes armés : il dormait. Pendant son sommeil, des armes et un petit baril de poudre avaient été glissés sous son lit. Il s’éveille : on recherche, on trouve, on verbalise ; et le jeune échappé de collège, qui n’était pas encore entré dans l’insurrection naissante, est conduit prisonnier au château de Carhaix, puis à Brest, où il est sommairement jugé,... et condamné à mort.

La sentence allait être exécutée ; déjà son pied touchait la première marche de l’échafaud, quand une émeute éclate sur la place ; soudain, les gardes sont écartés, le condamné est enlevé et jeté précipitamment dans une allée dont la porte se referme sur lui. II était dans la maison d’un patriote exalté : mais celui-ci se trouvait absent ; et sa femme, ayant pitié du jeune clerc, choisit un moment propice pour le faire évader.

Le Gonidec passa en Angleterre, d’où il revint, en juillet 1795, avec l’expédition de Quiberon. Mais, heureusement, il était débarqué à Sarzène, près de Vannes, et il put s’enfoncer dans la Basse-Bretagne. Quelque temps après, il rejoignit ce qu’on appelait l’armée catholique et royale ; il y servit, pendant les années 1795 et 1796, sous les ordres du marquis de La Boissière, maréchal-de-camp, et s’éleva, par son courage, jusqu’au grade de lieutenant-colonel ; il continua de servir sous d’autres chefs, jusqu’au 9 novembre 1800, époque où il fit sa soumission à Brest, pour profiter de l’amnistie du 18 brumaire.

Mais, forcé de se cacher encore, il consacra ses longs loisirs à l’étude. II apprit, d’une manière raisonnée, le bas-breton qu’il avait parlé dans son enfance ; et même, par humanité, par dévouement, il exerça successivement, jusqu’en 1804, parmi les simples habitants des campagnes, et comme à l’exemple des anciens druides de ces contrées, les fonctions de médecin et d’instituteur.

Se voyant néanmoins sans avenir, et pensant que le baron Sané, son oncle, inspecteur-général du génie maritime, pourrait le faire entrer dans l’administration de la marine, il vendit tout ce qu’il possédait dans l’Armorique, et vint à Paris solliciter une modique place de douze cents francs, qu’il n’obtint qu’après bien des démarches.

Membre, dès sa formation, de l’Académie celtique, qui tint sa première séance le 5 germinal an xiii (30 mars 1805), et dont il fut un des premiers vice-présidents, M. Le Gonidec, qui avait été immatriculé à Brest, comme élève contre-maître, était employé, en 1807, comme aide contre-maître, dans le cinquième arrondissement forestier, lors-