Il faut aussi lui tenir compte des circonstances dans lesquelles il a fait ce travail. Éloigné de son pays depuis longues années, il était sans conseils. Et d’ailleurs qui eut pu lui en donner à cette époque ? Qui s’occupait alors de la langue bretonne ? Si celle-ci, la langue écrite surtout, a fait de véritables progrès depuis quelques années, on ne peut nier que ce ne soit à l’initiative de Le Gonidec que ce mouvement est dù. II a fait, à notre sens, pour le breton, ce que Buffon et Bezout ont fait, l’un pour l’histoire naturelle et l’autre pour les mathématiques.
Revenons à la Bible bretonne, et d’abord disons comment elle a pu être imprimée en France. Après avoir fait paraître sa traduction du Nouveau-Testament (1827), laquelle fut enlevée presque entièrement par les habitants du pays de Galles, Le Gonidec céda, par traité, à la Sociélé Biblique de Londres, sa traduction de l’Ancien-Testament. Mais cet ouvrage, si impatiemment attendu en Angleterre, ne put voir le jour en ce pays, parce que, d’une part, la Société ne voulut pas imprimer une Bible catholique, et que, d’autre part, Le Gonidec ne voulut pas consentir à laisser transformer son oeuvre en Bible protestante [1].
Ce fut un des disciples de Le Gonidec, M. Th. Hersart de La Villemarqué, si nous ne nous trompons, qui, dans un vovage qu’il fit en Angleterre, obtint de faire rentrer la famille Le Gonidec dans ses droits, et rapporta, sinon l’annulation du traité, du moins l’autorisation de faire imprimer l’ouvrage.
- ↑ A ceux qui ignorent en quoi diffèrent les textes catholiques et protestants, nous dirons, en deux mots, que, outre certaines croyances propres à chacun de ces cultes, il se trouve dans la vulgate latine trois livres que les protestants considèrent comme apocryphes et qu’ils rejettent pour cette raison.