Setuint dimet hag eureujet,
Pa ’z int-hi gant Doue choaset.
— Ma breur-mager, te a t’euz bet,
Ur chans ha na verites ket :
Perc’henn pemp mill skoed leve bet,
Ha te na t’euz ket ur gwennek !
Selte ar benheres aze,
Diwar bouez ma lanz ha ma c’hleze ;
Mar arru gant-hi nemet mad,
Me dreuzo m’ c’hleze dre da wad ! —
Kanet gant Jane-Yvonn ar Merl,
maoues à 75 vloaz, ha skrivet gant ma eontr J. M. ar Huerou,
en paroz Prat. — 1936.
Cette ballade est très-répandue dans tout le pays de Tréguier, et dans les longues veillées d’hiver, les fileuses aiment à la chanter sur leurs rouets. La version que je donne a été recueillie par mon oncle, J. M. Lehuërou, l’auteur des Institutions Mérovingiennes et Karolingiennes, en l’année 1836 ou 37. Il avait compris de bonne heure l’importance de ces poésies du peuple, dont on ne se souciait guère alors, et il en avait recueilli plusieurs dans les communes de Plouaret et de Prat, où il passait ordinairement ses vacances. Je ne puis donner aucun éclaircissement historique sur cette chanson. Je sais seulement qu’il existe dans la commune de Prat quelques ruines informes, comme une ancienne motte féodale, qu’on appelle dans le pays Kastell Crec’hgoure. Dans la commune de Trézélan, à environ deux lieues de là, il y a aussi un manoir de Coatgouré, encore habité, et les chanteurs disent tantôt Grec’hgouré, tantôt Coatgouré, mais plus souvent Crec’hgoure. J’ai recueilli plusieurs versions, mais celle-ci est la plus complète, et les autres ne présentent aucun détait intéressant qui ne s’y trouve.