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Adlennet eo bet ar bajenn-mañ
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Markiz Gwerrand a lavare
Na da Gloarek Lambaul neuze :

Kaeroc’h da zillad, herve ’r c’hiz
Evit ma re, ha me markiz.

Aotrou mar d-ounn-me kaer gwisket
’r c’horf-man en deuz he gounezet.

Serret voa ho ialc’h p’oa paet
Ha va hini ioa digoret.

Kloarek, d-emp hon daou war ar gajou
Daou vaout ha tri re vanegou.

Mar ho gounezez po ’nezho,
Araok ama c’hoari vezo.

Aotrou, c’houi zo markiz Gwerrand
Ha me zo map eur paizant.

Evidoud te map eur paizant,
Te ’c’hoar dibab ar merc’hed koant.

Ar merc’hed koant ne zibabann
Da heul ar bleiz ne d-a ann oan.

Me skuiz, markiz, gant ho komzou,
Pegomp da c’hourenn ni hon daou,

Da c’hourenn ouz-id ne d-in ket,
Paotr kalet oud am beuz klevet,

Mar d-eo gourenn a fell d’id-te
Me c’hourenno gant ar c’hleze.


Le marquis de Guerrand disait
Au Cloarec de Lambaul alors :

Tes habits sont plus beaux dans leur genre
Que les miens, quoique je sois marquis.

Si je suis bien habillé, monsieur,
Ce corps a gagné ces habits.

Lorsqu’on les paya votre bourse était fermée
Et la mienne était ouverte.

Cloarec, allons tous deux sur les gages ;
Il y a deux béliers et trois paires de gants ;

Si tu les gagnes tu les auras,
Mais avant il y aura du jeu ici.

Monsieur, vous êtes marquis de Guerrand,
Et je ne suis que fils de paysan.

Quoique tu ne sois que fils de paysan
Ta sais choisir les jolies filles.

Je ne choisis point les jolies filles,
L’agneau ne suit jamais le loup.

Je m’ennuie, marquis, de vos paroles ;
Commençons à lutter tous deux.

Je ne lutterai pas avec toi,
Tu es un garçon solide, m’a-t-on dit.

Mais puisque tu veux lutter,
Je lutterai avec l’épée.