Peut-être la reconnaissance m'imposerait-elle d’inscrire en tête de ce livre un autre nom ; mes meilleurs et déjà anciens souvenirs m’ont dicté le vôtre. Je dois à M. Gaston Paris, le maître à tous dans le folk-lore, à M. Xavier Charmes, aux membres de la Commission des Missions, d’avoir poursuivi certaines éludes sur la Bretagne; sans parler de M. Renan, MM. Alexandre Bertrand, Girard de Rialle, le docteur Hamy, d’Arbois de JubainvîHe, Gaidoz, m'ont longuement soutenu de leurs conseils et de leurs encouragements. Et leur nom eût donné sans doute à ce volume une étiquette plus savante. Mais n'aurais-je pas eu l'air aussi de flatter les puissances ? Vous savez comme nous autres Bretons nous sommes encore rebelles à ce penchant des races très civilisées. Il est possible que je manque un peu de gratitude, sans le savoir : alors, qu’on me pardonne, deux fois, si c’est une faute également d'avoir fait ce sacrifice à l'amitié.
Un soir de cet hiver, après une représentation de la Tempête, nous nous sommes raconté nos premières auditions intimes de mélodies populaires. Paul Bourget nous présenta l’un à l’autre, vers la fin de 1876, dans un café du boulevard. J’étais à considérer un moulin fictif qui tourne entre des rochers et dont les fariniers passent sans cesse sur un pont suspendu au-dessus d’un abîme ; vous écoutiez une berceuse bretonne que chantait une voix de femme, dans l'arrière-fond ; de Brayer
voulut la noter, et je lui dictai le charmant sonn trécorrois.