Adlennet eo bet ar bajenn-mañ
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Mar klewfe ar zord, mar welfe ar c’hô, |
IV.
Gwasoc’h evid ar raned |
Pan ve ar Siren o kanan, |
Gargantuas easoc’h da zamma |
Gargantuas, pa oa beo, |
Boudedeo[4] |
Boudedeo |
Sotoc’h eget Merlin a red en dour araog ar glao. |
Keuta tud a oa ér bed |
Pa ’r oc’h euz a Gergournadeac’h, |
- ↑ M. Emile Ernault, de Saint-Brieuc, m’a donné de ce dicton la variante suivante qu’il a entendue à Sarzeau :
Enn enan ’pe huile,
Er zourt a pe gleue,
Den er bet ne bade.
Si orvet voyait,
Si sourd entendait,
Homme au monde ne resterait. - ↑ Se dit des personnes et des choses, et, particulièrement, de tout cri perçant, de tout bruit désagréable. Les Korrigans sont les nains, les gnômes de la mythologie armoricaine.
- ↑ En partant de Plouaret, m’écrit M. Luzel, à qui je dois la connaissance de ce dicton.
- ↑ Nom donné au Juif-Errant, et qui répond exactement à celui de Buttadeus attribué au même personnage légendaire par un auteur du 17e siède cité par Grœsse (Sage vom Ewigen Juden. Dresde, 1844).
En faisant le même rapprochement à l’occasion du gwerz de Boudedeo, M. Gaston Paris fait observer (Revue Critique du 23 octobre 1869) que ce nom « semble un composé de Thâddée et peut-être de Bar défiguré en But. Mais où, — se demande-t-il, — « le poète breton a-t-il trouvé ce nom généralement remplacé par Ahasvérus ? Le fait est d’autant plus bizarre que s’il fait dire au Juif à un endroit Moi Boudedeo, il semble bien l’appeler ailleurs (str. 2), Absarus, c’est-à-dire Ahasvérus. »
Dans l’état actuel de la bibliographie bretonne, il n’est pas possible, je crois, d’assigner une date tant à la composition du gwerz qu’à l’introduction en Bretagne du nom de Boudedeo. Toutefois, il me paraît acquis que ce nom était tout au moins populaire dans les campagnes armoricaines au 17e siècle. Grégoire de Rostrenen et Dom Le Pelletier le mentionnent, en effet, dans leurs dictionnaires commencés l’un et l’autre vers 1700, sans que rien de la part des deux savants lexicographes permette de supposer qu’il fût d’importation récente.
Pour ce qui est de la bizarrerie résultant de la double appellation donnée au marcheur éternel, elle trouve son explication dans l’ancienne légende dont parle Edgard Quinet (Préface d’Ahasvérus) qui nomme le Juif « Ahasvérus », et, après son baptème, « Buttadeus ».