Lavarou koz a Vreiz-Izel/DEKVED STROLLAD
A bep liou marc’h mad, |
Al laouenan a gar atao |
Kant bro, — kant giz, |
Aotronez Pond-Ivi, |
Sod evel eur Gwennedad, |
Ebeul Pontreo[1]. |
Leonard kof iod, laer ar pesk[2]. |
Panez ! Panezenn ! |
Grik ! Grik ! Daoulaziz[3]. |
Plougastel lovr[4], mar kerez e vezi gwelet. |
Bouc’h Kerneou |
Bek meil-ruz, bek sall ! |
Penn-sardinenn ar C’honkiz, |
Kon-bridiz, traon ha krec’h, |
Treffiagat, brochou laou, |
Kaper lovr, boellou blei, |
Potret Primelinn, potret ann alc’houez, |
Avel uhel, avel nord |
Hevel oc’h aotrouienn tud-jentil Ploueskat |
Goulennit gant potret Rosko |
Potret Lokirek |
Bara kerc’h fresk amanenet |
Iotaerienn, debrerienn kaol, |
Fao ru ha fao briz, |
Eur maill eo eul Lan-Balad |
Gwerliskiniz, a ras da ras, |
Personn Fors a zo biniaouer, |
Kleier Sant-Iann-Voug a lavar : |
C’houez ann the hag ar c’hafe |
Kastel, |
Lan-Baol ar c’herniel, |
Bars e parrez Plougraz |
Da veneziou Skrignak |
Ebarz e Trogeri |
E Gwiskrif, war veg eur bal, |
Pignet er wenn, torret ho kouk, |
E Landudal n’allumer ket |
Aotrou Doue ! Itron Gwerc’hez ! |
Er barrez vras Tregarantek |
E Landevenek |
Eur pok Spagn hen deuz roet d’ezhi. |
Livirit : sa ! |
Er barrez a Daole, etre ann daou drez, |
E Breiz na ’z euz nemet daou eskopti |
Brezounek Leon ha gallek Gwened. |
Gwella gallek |
Non ha oui, |
Koms brezounek evel eur personn[9]. |
Menez Arre kein Breiz. |
Kompeza Brasparz, |
Seiz mil seiz kant seiz ugent ha seiz sant |
Ann nep euz a Landerne a ia da Lesneven |
Etre ar Faou ha Landerne |
Pa vezit war bont Landerne, |
Ma vankfe chausser a Vrezall, |
Mor Kerne a zo peskeduz, |
Abaoue beuzet Ker-Is |
Paris |
Pa ziveuzo Is |
Seiz mantel skarlek ha triugent, hep henvel ar re-all, |
Ne dremenas den ar Raz |
Va Doue, va diwallit da dremen Beg ar Raz, |
- ↑ Se dit indifféremment de tout jeune paysan lourd et grossier.
- ↑ Allusion au poisson de Saint-Corentin, « lequel tous les matins, — dit Albert le Grand, — se présentoit au saint qui le prenoit et en coupoit une pièce pour sa pitance, et le rejetoit dans l’eau, où tout a l’instant il se trouvoit tout entier, sans lésion ni blessure. »
Un morceau de ce merveilleux poisson rassasia, certain soir, le roi Gradlon et la suite nombreuse de seigneurs qui l’accompagnait dans une chasse où il s’était égaré. « Le Roy ayant veu ce grand miracle, voulut voir le poisson duquel le saint avait coupé ce morceau et alla à la fontaine, où il le vid, sans aucune blessure dans l’eau ; mais quelque indiscret (que la prose, qui se chante le jour de la feste du saint, dit avoir esté de l’évesché de Léon) en coupa une pièce pour voir s’il deviendroit entier, dont il resta blessé, jusqu’à ce que saint Corentin y vinst, qui, de sa bénédiction, le guérit, et luy commanda de se retirer de là, de peur de semblable accident : à quoy il obéit. » — (Vie de saint Corentin, dans les vies des saints de la Bretagne Armorique, édit, de 1837, p. 799 et 801.)
Le P. Maunoir auquel nous devons une vie du même saint, en vers bretons, complète ce récit de la manière suivante :
O laeronci cruel ! A c’houdevez nicun
N’er velas mui o ridec ebars en e feuntun.
An oll quirent d’an den fall a oa disenoret,
Goapeet estranch a casseet, scandalet, milliguet
Abalamour d’an torfet en devoa bet privet
Breis euz eur miracl quer bras, ar gar zant eus e vouet.
O larcin cruel ! depuis lors personne
Ne le vit plus courir dans sa fontaine.
Tous les parents de l’homme mauvais furent déshonorés, maudits,
Raillés d’étrange sorte et haïs, querellés.
En raison du forfait qui avait privé
La Bretagne d’un si grand miracle et le saint de sa nourriture.
(Buez sant Caurintin, Quemper, Y. J. L. Derrien, s. d., p. 9 et 10.) - ↑ Injure fréquemment adressée aux habitants de Daoulas, dont le nom breton « Daoulaziz » signifie en même temps doubles assassins.
La légende raconte qu’un seigneur du Faou, qui s’était rendu coupable du meurtre de deux saints abbés, se convertit, fit pénitence et érigea, comme réparation de son crime, sur le lieu même où il l’avait commis, un monastère auquel on donna le nom de Mouster Daou-laz (le monastère des deux meurtres).
C’est à cet établissement, d’abord sans importance, mais que remplaça plus tard une riche abbaye, dont les ruines pittoresques font aujourd’hui l’admiration de l’artiste et de l’archéologue, que la petite ville de Daoulas, chef-lieu de canton du Finistère, doit son origine. - ↑ Plougastel-Daoulas.
- ↑ Devise des Paganiz, païens, nom sous lequel on désigne les habitants de la partie du littoral comprise entre l’Aber-Wrac’h et Tréfflez. C’est une population à part, une sorte de clan que ses traditions, ses usages et ses mœurs barbares différencient du reste de la Bretagne. Le Pagan appelle la mer sa pourvoyeuse, la vache qui met bas pour lui, et prétend qu’elle lui doit, en tout temps, le vivre et le couvert. De là ses habitudes de piraterie et l’absence de toute hésitation à s’approprier les marchandises provenant de bris ou naufrages qui attérissent sur ses grèves, si le sabre du douanier ou du gendarme ne vient pas contrarier ses projets.
- ↑ Pris isolément, chaque vers de cette petite pièce, qui n’est autre qu’une chanson de danse, représente un dicton dont l’usage est journalier pour caractériser, dans la personne de leurs recteurs ou curés, les principales paroisses de la Cornouaille. Brizeux en a publié quelques fragments, à tort, je crois, sous forme de triade. La version que je donne ici, et qui offre d’assez grandes différences avec la sienne, m’a été dictée, le 17 mai 1868, par Iann Floc’h, fossoyeur de la paroisse de Beuzec-Conq.
- ↑ Les variations brodées sur ce thème sont innombrables, et il n’est si maigre village de Bretagne qui n’y trouve place. Comme les détails qu’elles renferment ne présentent en général que peu d’intérêt, et que l’on y sacrifie trop souvent à la rime le bon sens ou la vérité, je crois devoir m’arrêter à ce spécimen, en le complétant par les deux distiques suivants, recueillis dans le pays de Tréguier par M. E. Ernault, qui a bien voulu me les communiquer, et que je traduis littéralement :
C’houez pomad ha roz
A zo gant merc’hed Perroz.
C’houez ar pesked en ho sac’h
A zo gant merc’hed Ploumanac’h,
Odeur de pommade et de roses
Est avec les filles de Perros.
Odeur des poissons (qui sont) dans leur sac
Est avec les filles de Ploumanac’h. - ↑ Emprunté à un cantique populaire, ce dicton, plus malicieux peut-être que naïf, renferme un double sens qui lui permet de ne jamais mentir.
Les pierres de Coatdry sont des staurotides croisées. Elles doivent leur nom à un petit ruisseau, affluent de l’Aven, qui coule près de Scaer, et où on les trouve en assez grande quantité. Les mendiants les vendent, dans toute la Cornouaille, comme talismans contre la foudre, la rage, les fractures et les maux d’yeux. Si vous leur demandez pourquoi ces pierres sont marquées au signe de la croix, ils vous raconteront qu’il y a longtemps, longtemps, un prince païen ayant détruit la croix de la chapelle de Coatdry, Dieu mit aussitôt l’emblème de la rédemption aux pierres du ruisseau voisin, pour le confondre et faire éclater sa puissance. - ↑ Breton de curé s’emploie dans le même sens que latin de cuisine
- ↑ Ce dicton repose sur une tradition d’après laquelle, aux premiers temps de la prédication de l’évangile en Armorique, les habitants de la terre de saint Rivoaré, nouvellement convertis, auraient été massacrés au nombre de 7,847 par une peuplade voisine restée païenne.
On montre au bourg de Lanrivoaré un cimetière distinct de celui de la paroisse, où l’on assure que ces martyrs ont été inhumés. Les pèlerins nombreux qui se rendent à ce sanctuaire funèbre, le troisième dimanche d’octobre, seul jour de l’année où il soit permis de le visiter, en font le tour sur les genoux et regarderaient comme une profanation d’y entrer sans être déchaussés.